Pas d'électricité

Art, musique et conférences
Motel Campo, Genève

Pour sa 18e édition, le festival Mos_Espa réitère son pari d’un festival sans électricité en vue de questionner notre manière de vivre et notre potentielle dépendance aux nouvelles technologies. Une diète de trois jours sous forme de black-out pour ralentir, écouter, voir, sentir, échanger et s’amuser. Mos_Espa prend le pouls des marges en invitant des spécialistes, des explorateur·ice·s, des précurseur·e·s au moment où leurs pratiques, qualifiées d’expérimentales, commencent à résonner avec l’intérêt d’un public plus large.

On débranche, on enlève ses chaussures, on abandonne son téléphone pour jouir pleinement de propositions fertiles, de pulsations organiques et de fêtes acoustiques, de poésie, de corps mouvants et de matériaux low-tech.

Retrouver des plaisirs simples et authentiques, que l’on oublie peut-être d’invoquer. Se rapprocher, tendre l’oreille, fabriquer, danser, s’allonger et siroter. Prendre sa serviette de bain et s’offrir un sauna dans le jardin, un casse-croute autour du feu.

Être vivant parmi les vivants.

Sonia Perego & Frédéric Post

Mos_Espa est un projet qui se vit pieds nus, en chaussettes, en pantoufles ou en basanes. Il vous sera demandé de laisser vos chaussures et votre téléphone au vestiaire. Pour cette édition sans électricité, les paiements par cartes de crédits seront impossibles, CASH ONLY

Motel Campo
13 route des Jeunes
1227 Carouge / Genève
www.motelcampo.ch

 

Soundcloud Mos_Espa
Instagram @mosespa
Facebook Mos_Espa

Direction & programmation : Frédéric Post
Coordination & programmation : Sonia Perego

Technique & accueil artistes : Hadrien Häner, Eric Nardini
Sécurité : Amoroso Saro
Cuisine : Donovan Uldry
Réseaux sociaux : Louis Zahra & Maeva Bosko
Graphisme : Thomas Perrodin
Site internet : Cécile + Roger

Mos_Espa est possible
grâce au soutien de :

Ville de Genève, Loterie Romande,
Association Inarema, Ville de Carouge,
Fondation Oertli.

On transforme le dj booth en sauna et on va suer toute la soirée.
Apporte ton linge, si pas, nous aurons des pagnes sur place pour 5.-

De tous les coups et de toutes les batailles, Thomas Perrodin est : sérigraphe, illustrateur, graphiste et éditeur. Ses posters enragés accompagnent depuis plus d’une quinzaine d’années la scène musicale indépendante. En 2025, suite à une grosse panne de centrale nucléaire, il se passe d’électricité, décide de peindre directement sur les écrans sérigraphiques, remplace l’encre noire par du fluo et signe une affiche outrageusement acidulée comme un phare éclairant la nuit publicitaire de Genève.

Daniel Ruggiero utilise le papier carbone, stencil ou polycopieur à alcool pour reproduire ses dessins et réalise aussi une petite série de flyers pour Mos_Espa. Il partage un intérêt pour cette technique presque oubliée, avec les profs des années 80, les passionné.es de fanzines et de tatouages. Avec son édition de hallebardes DIY, l’artiste s’arme, se renforce, résiste, lutte et malgré les difficultés ne lâche pas ses convictions. L’espoir fait vivre et bien plus encore.

Un trait fin, précis, détaillé à l’extrême, labyrinthique et vibrant, les dessins de Guillaume Fuchs pourraient être mescaliniens. La légende raconte que c’est par la trace de ses stylos qu’il écoute les concerts de la Cave12, et les sons sont retranscrits en illustrations oniriques. Ainsi, il sera le scribe de cette édition de Mos_Espa, responsable de l’unique archive d’un projet où les machines n’enregistrent plus, ni ne photographient.

Alexandre Chanoine explore le concept d’érosion et tente d’en faire l’expérience.
Il fabrique des objets avec des pierres, du bois, du fer. À la fois sculptures, jouets et instruments, ces objets sont à manipuler et permettent de se confronter à des temporalités qui dépassent de loin celles des humains. Usant de gestes primitifs comme tourner, balancer, tirer, pousser, il produit du son, des traces, des empreintes aux antipodes du langage, des définitions. Sa recherche empirique creuse une sorte de sillon qui donne à voir et à entendre ce que le langage recouvre.

Pour cette édition de Mos_Espa, sans recours aux appareils électriques, il sera aussi question de faire disparaître progressivement le bar derrière une muraille de bois.
Durant sa résidence et les trois jours du festival, l’artiste Laurent Tixador entamera une course contre la montre pour enclaver la buvette derrière une muraille avec du bois de récupération glané dans le quartier afin que l’accès en soit entièrement occulté le dernier jour, au moment précis de la clôture. En ménageant des ouvertures dans la construction et en les comblant petit à petit, Laurent forcera le public à des prouesses de plus en plus subtiles pour commander les boissons. Un jeu dont la difficulté augmentera quotidiennement pour aboutir à une composition finale entièrement chevillée, réalisée uniquement avec des outils à main.
Fermer un bar durant un festival consiste en un défi pour ses organisateur.trices au même titre que se priver d’électricité relève d’un engagement.

Massimo Laguardia et Salvatore Meccio ont au moins deux points en commun : leur date d’anniversaire et le fait de partager la scène depuis plus de quinze ans. La complicité entre les deux est spontanée, pétillante et capable de transporter le public vers une joyeuse participation. Voyage à travers des chansons mélodiques et rythmiques, traditionnelles ou de leur propre composition, les deux musiciens font vibrer Mos_Espa avec un répertoire plein de passion et de folie, de douceur et de réflexion. Avec leurs instruments et leurs voix typiques, l’on plonge dans les profondeurs ancestrales où rythme, chant et danse cohabitent en symbiose.

Le rappeur Takemo se définit comme poète de merde. Nul en tout sauf pour dire des trucs aux gens, il questionne le sens profond de son passage sur terre, incapable de battre des œufs en neige, de faire un massage cardiaque ni même de conduire, il se sent fort désemparé en cas de catastrophe nucléaire.

Son ami Clément Grin tente de le rassurer et pour cela lui propose de l’accompagner à la batterie. Ainsi, peut-être aura-t-on la preuve que même sans électricité et dans un contexte de survie, la poésie c’est quand même un peu quelque part utile, enfin ils croient.

Anouck Genthon et Antoine Läng partagent un intérêt commun pour les chansons, celles qu’on devine dans les phénomènes sonores environnants ou qu’on fredonne en s’y baladant. Leur duo leur tend l’oreille, souvent par le prisme des musiques expérimentales et contemporaines, dans l’écriture, la composition et la performance, dans des contextes acoustiques variés pour établir des relations inédites avec ces lieux, en privilégiant leur écoute et leur observation. Les gestes répétitifs et les mélodies simples sont mis à l’honneur au violon et à la guimbarde, comme une autre manière de faire entendre ce qui leur chante.

Charlotte Cosson, historienne de l’art, a quitté la ville pour adopter des terres et y enseigner la transe. En a découlé un livre chez Actes Sud, Férale, dont le titre se réfère aux êtres domestiqués qui retournent à la vie sauvage. Elle a fondé l’association Hawayenan afin de restituer les terres spoliées par la colonisation à leurs gardiens : les peuples racines.

Les états modifiés de conscience, qu’ils soient induits par la volonté, des sons, des plantes sacrées ou des psychotropes issus de la science moderne, sont de plus en plus utilisés à des fins de mieux être – voire de guérison. On parle en revanche moins de leur impact sur la relation des humains avec les vivants qui les entourent. Pourtant, en s’ouvrant à plus grand qu’elle, la personne qui entre dans un état de conscience amplifié rencontre un monde qui n’a rien du matérialisme vendu par la culture capitaliste. Difficile, ensuite, de fermer les yeux sur le fait que tout vit, vibre, danse ! La transe, disruptive, aimante, décoloniale (si elle est bien transmise), peut être considérée comme un outil politique pour mieux aimer la Terre.

Pour Mos_Espa, Jehisson Santacruz accompagne avec ses instruments la performance Coprolithe de Fabien Clerc

Musicien, performeur et peintre, Jehisson Santacruz a conçu « Sonidos de la Tierra, Agua y Cantos » une performance rituelle qui se déroule dans la nature pour diffuser le message par le kuisi (flute traditionnelle), apportant la guérison à l’artiste, aux êtres et au territoire local. Ce projet vise à créer un pont culturel et spirituel affectueux et intime entre les montagnes, ses sentiers et ses eaux, en re-signifiant l’espace pour honorer la biodiversité et la vie.

  • Coprolithe

  • sam 24 mai

  • 11h17h Performance

  • 15.– Cash Only
    / No Credit Cards

11h-13h Défournement des céramiques au Motel Campo.

13h-14h Covoiturage depuis le Motel Campo et rendez-vous sur le site à Sézegnin.

14h-17h Performance au bord de la Laire, Sézegnin. Offrandes personnelles et goûters bienvenus.
078 656 03 03 + d’infos prochainement.

Les rituels de pagamento, pratiqués par les indiens koguis et arhuacos de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, sont des offrandes pour apaiser la Pachamama et maintenir l’équilibre. Fabien Clerc s’en inspire pour une action circulaire pour laquelle il prélève, transforme, honore et rend la terre à la Terre.

Cette création, en sourdine dans le cœur de quatre musiciens complices, est réactivée pour Mos_Espa. Deux banjos, deux batteries, des peaux qui résonnent pour une musique répétitive, entre pulsation brodée et transe sonore donnant libre cours aux danses, pirouettes, cabrioles et entrechats les plus enfiévrés.

Luc Müller – batterie
Cyril Yétérian – banjo
Cyril Bondi – batterie
Jonas Bernath – banjo

On peut lire d’elles « musique folklorique d’un nouveau monde » ou encore « traversée par l’écoute des territoires arpentés – éléments phonographiques, textes et chants glanés – leur musique tisse des paysages sonores intimes en une déambulation chamanique collective imparable ». Pour Mos_Espa elles viendront à 3 et présenteront une pièce spécialement conçue pour l’occasion où chants polyphoniques sur dent de scie baroque, langue d’oiseau encerclée dans le plancher, percussions et objets s’entrecroiseront. Une expérience sonore vivante où l’on fait place au mystère de l’organique et au pouvoir de l’incantatoire !

Artiste en résidence à Mos_Espa, Alexandre Chanoine explore le concept d’érosion et tente d’en faire l’expérience. Il fabrique des objets avec des pierres, du bois, du fer. À la fois sculptures, jouets et instruments, ces objets sont à manipuler et permettent de se confronter à des temporalités qui dépassent de loin celles des humains. Usant de gestes primitifs comme tourner, balancer, tirer, pousser, il produit du son, des traces, des empreintes aux antipodes du langage, des définitions. Sa recherche empirique creuse une sorte de sillon qui donne à voir et à entendre ce que le langage recouvre.

Son installation sera visible durant toute la durée du festival.

Le tour de potier proposé pour ce projet est inspiré d’un modèle ancien qui nécessite plusieurs personnes pour être actionné. Léandre Burkhard invite le public à venir actionner le tour et fabriquer des objets les mains dans les mains. L’idée étant de créer une synergie à plusieurs, autour de cette machinerie simple pour construire une connexion entre les participant.es le temps de la fabrication d’un objet.

  • Coprolithe

  • ven 23 mai

  • 14h22h Performance

  • 15.– Cash Only
    / No Credit Cards

14h-18h Construction participative d’un four à papier dans le jardin du Motel Campo.

19h-22h Mise à feu et cuisson céramique archaïco-urbaine.

Les rituels de pagamento, pratiqués par les indiens koguis et arhuacos de la Sierra Nevada de Santa Marta en Colombie, sont des offrandes pour apaiser la Pachamama et maintenir l’équilibre. Fabien Clerc s’en inspire pour une action circulaire dans laquelle il prélève, transforme, honore et rend la terre à la Terre. Après avoir récolté de l’argile dans la rivière de la Laire à Sézegnin, Fabien Clerc a confectionné des objets qu’il transforme en céramique lors d’une cuisson publique dans un four en papier construit dans le jardin du Motel Campo.

Le lendemain, les sculptures seront minutieusement dégagées du feu et nous les accompagnerons pour les restituer symboliquement à la rivière de la Laire, leur terre d’origine. Un moment fragile de recueillement et de contemplation de la nature, les pieds dans les alluvions. Une après-midi ponctuée par des interventions musicales de Jehisson Santacruz à la gaïta et autres instruments caraïbéens.

Compost Collaps construit et joue la musique du siècle prochain. C’est une projection concrète d’un futur désirable et soutenable, dans un monde débranché mais foisonnant, abîmé mais libéré, rempli de déchets surcyclés et de créativité sans limite, dans une société juste sur une planète habitable. Quand l’huile de coude remplacera le pétrole, que les utopies remplaceront l’économie, on pourra toujours écouter et jouer les musiques électro sans électricité, la techno sans les high-tech, les rave-party sans chimie. Un bidon, des tuyaux, des bouts de métal, de la sueur… et ça danse !

Lara Buffard est une artiste performeuse, designer et créatrice franco-suisse. Son travail captive par la richesse de ses visuels symboliques et surréalistes, suscitant curiosité et réflexion partout où elle se présente. Sa pratique artistique s’ancre dans l’exploration de récits personnels et de stratégies féministes, attirant l’attention sur les subjectivités complexes de la vie dans un monde genré. Son travail se situe à la frontière entre réalité et fantasme, performance et rituel – un espace liminal où les récits se transforment et le sens se redéfinit. Elle invite son public dans des mondes oniriques où douceur et force coexistent, où la fantaisie devient un véhicule de remise en question des normes et où les rituels anciens sont réimaginés pour les luttes contemporaines.

Je me tiens ici…
Face à vous.
Face à moi.
Remettre en question les couches que nous portons, les cicatrices que nous cachons, les masques que nous oublions que nous portons.
Je ne m’expliquerai pas.
Je ne m’excuserai pas.
Je vais vous intriguer.
Je vous séduirai.
Je vous dérangerai.
Et peut-être vous demanderez-vous…
Qui s’en soucie?
Qui s’en soucie vraiment ?
Mais ce n’est pas la question.
Il ne s’agit pas de réponses.
Il s’agit de sentir.
Brut. Sans filtre.
Tout de suite. Maintenant.

Influencés par la psycho acoustique, les pionnier.ères de l‘ambient et de quelques transes électro-mystico-chamaniques, le duo Ordinateur Végétarien formé par D.C.P et Brunosphère relève le défi et débranche ses reverbs et synthés. Alors, au son du banjo et de l’harmonium partons sur ce tapis volant sériel et hypnotique. Sans électricité, mais pas sans jus de légumes !